Article de Natalie Kwadrans
Alors que j'étais assise chez moi ce week-end, sachant que l'audition à la Chambre des communes du Canada commençait aujourd'hui concernant les nouvelles lignes directrices canadiennes pour le dépistage du cancer du sein, j'ai ressenti le besoin d'expliquer concrètement aux autres pourquoi je pense que ces lignes directrices ne répondent pas aux besoins des femmes de ce pays.
J'ai donc fait ce que n'importe quelle patiente ennuyée atteinte d'un cancer du sein de novo de stade 4 ferait. J'ai décidé de lire et de comparer les références scientifiques des lignes directrices proposées par le Groupe d'étude canadien sur les soins de santé préventifs pour le dépistage du cancer du sein (2024 ) avec les lignes directrices récemment révisées du Groupe d'étude américain sur les services préventifs pour le dépistage du cancer du sein (2024) et sa bibliographie scientifique.
Pour mémoire, le groupe de travail canadien a résisté aux appels au changement, son projet de recommandations restant ferme sur le fait que le dépistage systématique du cancer du sein ne devrait pas commencer avant l'âge de 50 ans au Canada.
J'ai voulu approfondir la question, car les États-Unis ont estimé qu'il y avait suffisamment d'éléments nouveaux pour modifier leurs lignes directrices en matière de dépistage du cancer du sein et commencer à 40 ans au lieu de 50. Dix des treize juridictions canadiennes ont été du même avis et ont modifié leurs lignes directrices pour commencer le dépistage à 40 ans, à l'exception de l'Alberta, qui a ramené l'âge du dépistage à 45 ans.
Qu'est-ce que les États-Unis et les treize juridictions canadiennes savaient donc que la task force canadienne ignorait ?
J'ai pensé que les réponses se trouveraient dans la recherche qu'ils ont utilisée pour informer les recommandations de chaque groupe de travail. J'avais raison. C'était décourageant et carrément exaspérant.
J'ai créé une feuille de calcul pour comparer les sources utilisées par chaque groupe de travail et j'ai effectué une analyse de haut niveau de la recherche en examinant simplement les titres. Il ne s'agit donc pas d'une analyse parfaite. J'essayais de voir quelles nouvelles recherches étaient utilisées par le groupe de travail canadien. J'ai été extrêmement déçue et déçue par le contenu, car ce que le groupe de travail canadien a utilisé ne reflétait pas les preuves scientifiques actuellement disponibles. Et ce manque d'attention à la recherche récente se fera, à mon avis, au détriment de la vie des femmes canadiennes.
D'après ce message Twitter du 31 juillet 2023, le groupe de travail canadien a préféré demander aux "masses" de faire le travail à sa place. Je ne sais pas pourquoi le gouvernement fédéral a déboursé 500 000 dollars de l'argent des contribuables pour accélérer l'élaboration des lignes directrices. Mon analyse m'a permis de constater que 41 % des sources du groupe de travail citées dans le projet de recommandations comprenaient des données antérieures à l'an 2000 !
L'image de ce blog montre une rapide comparaison côte à côte entre les bibliographies des deux Task Forces. Il est clair que toutes les recherches ne se valent pas.
Après cette analyse, trois éléments me semblent évidents
- 41 % des recherches utilisées par le groupe de travail canadien sont antérieures à l'année 2000 ;
- 23 % des recherches répertoriées réutilisent les mêmes données d'origine, de sorte que les résultats seront manifestement faussés par les données réutilisées. Le pire, c'est qu'ils utilisent une étude discréditée, la Canadian National Breast Screening Study (CNBSS), datant des années 1980 ;
- très peu de recherches ont été menées sur la densité mammaire et la race/l'ethnicité.
Voulez-vous voir les deux bibliographies par vous-même ? Voici un lien vers ma feuille de calcul, ainsi qu'une courte vidéo qui explique mon document.
Natalie Kwadrans défend les intérêts des patients atteints de cancer depuis qu'elle a reçu un diagnostic de cancer du sein de novo, triple positif, en 2019. Elle défend les intérêts des patientes auprès de Dense Breasts Canada, est une patiente partenaire de la Société canadienne d'imagerie mammaire, ainsi qu'une ambassadrice Terry Fox et une représentante des patientes pour le Marathon of Hope Cancer Centre's Network (MOHCCN).
Natalie a obtenu un baccalauréat en sciences, bien qu'elle ait changé de cap pour participer à une compétition de snowboard au sein de l'équipe canadienne. Elle a ensuite poursuivi des études supérieures en gestion et, au cours de sa carrière longue de deux décennies, a brisé les silos organisationnels pour mettre en œuvre des stratégies centrées sur le client. Elle a enseigné à temps partiel en licence de gestion dans trois universités et est titulaire des titres de Project Management Professional, Certified Public Accountant et Certified Management Accountant. À mi-chemin de son MSc à HEC Paris, on lui a diagnostiqué un cancer. Les traitements palliatifs en cours ont contraint Natalie à abandonner sa carrière et ses études.